Arnaud-Guilhem en 1859
Village, à cette époque, de cinq cent soixante dix habitants, Arnaud-Guilhem s’allonge sur l’arête d’une colline qui domine la vallée de la Garonne où se situe Saint-Martory, le chef lieu du canton.
L’isolement du village est certain bien que la route impériale de Toulouse à Bayonne, entretenue, soit doublée d’une ligne de chemin de fer en 1867.
On utilise en général la malle-poste qui cependant ne sort pas des grands axes. Les tarifs sont élevés et par exemple, en 1846, l’aller-retour Tarbes-Pau coûte 14 francs soit l’équivalent de 11 jours du salaire d’un ouvrier agricole. Ainsi on se déplace peu et on reste parfois toute la vie dans son village avec quand même un déplacement jusqu’au chef-lieu de canton, à Saint-Martory, pour les jours de foire ou de marché.
Cette façon de vivre, un peu en autarcie, favorise les liens entre villageois ; ainsi chacun fait appel aux voisins et aux amis pour dépiquer, vendanger, effeuiller le maïs, faire le cochon. Ces moments-là sont complétés par les veillées où les femmes filent en parlant, les hommes jouent aux cartes, à la manille ou à l’écarté et terminent leur soirée par un « coup de blanche » avant de rentrer chez soi, la lanterne à la main.
« S’imagine une longue rue d’au moins cinq cents mètres, couverte de boue et de morceaux de roches séparés les uns des autres et présentant leurs arêtes vives comme des tranchants » telle est la description du village faite par l’abbé Baron.
Ce bourg est donc une unique rue encadrée par une rangée de maisons, rarement doublée, qui amène à l’église. Celle-ci se voit pratiquement dès l’entrée dans le village car son clocher vient d’être remodelé et surélevé dans la période 1858-1860 et ce à l’instigation du conseil municipal, présidé par Augustin Bernadet, le maire, et aussi grâce aux efforts des paroissiens guidés par le curé Jean Baron, qui décèdera en 1860.
La majeure partie des maisons est construite en moellons tirés d’une carrière proche au lieu-dit « Coume » ; celle-ci fut utilisée par la compagnie du chemin de fer pour rénover le pont d’Apas sur la Garonne entre Saint Martory et Lestelle.
Lorsqu’on traverse le village en allant vers l’église, la vue entre les maisons porte, à droite, sur un paysage doux et verdoyant fait de petites collines boisées encadrant des vallées fertiles.
A gauche, la magnifique barrière des Pyrénées proches s’impose à la vue et ce voisinage est quelquefois une cause de refroidissement dans la température, mais aussi le panorama qu’elles offrent peut tenir lieu de dédommagement. Le spectateur voit se dresser devant lui, et sur plusieurs plans, toute une chaîne de mamelons et de pics dont les cimes s’élancent vers la voûte céleste. Parmi eux se font remarquer le Cagire et le Pic du Midi, ces monuments d’une antiquité prodigieuse élevés au milieu des effroyables convulsions, provoquées par l’action violente de la fournaise souterraine.
Oui le tableau qui se déroule devant les yeux à quelque chose de grandiose et de saisissant qui frappe l’imagination et vient émouvoir l’âme. Quand la nature a tant fait pour un pays, il serait bon que l’homme à son tour fasse son possible pour ne rien perdre de ces avantages. C’est en ces termes que le paysage était décrit en 1886.
Les habitants vivent dans une très grande simplicité. En effet le luxe ne s’y fait guère remarquer et la grande majorité des habitants tire ses ressources de la terre.
Ils sont majoritairement des paysans qui se divisent en deux groupes :
- Les laboureurs, propriétaires de leur terre et qui, même modestes, ont parfois besoin d’un appoint de main-d’œuvre pour l’année entière ou pour des tâches saisonnières (fenaison, moisson, semailles...). Leur propriété est souvent petite et très morcelée et se compose en général, sur une superficie d’une douzaine d’hectares, de terres arables, de prairies, de quelques rangées de vigne et d’un petit bois.
Chaque famille possède également souvent 4 vaches laitières, une paire de bœufs, quelques chèvres ou moutons et surtout deux cochons qui seront engraissés puis consommés sur place. La maîtresse de maison s’occupe du jardin car c’est ainsi que l’on nomme le potager ; elle possède en général une petite basse-cour dont le produit de la vente lui servira « d’argent de poche ».
Les brassiers travaillent avec leurs bras qu’ils louent aux propriétaires pour les aider dans leurs tâches de façon durable ou bien occasionnelle. Souvent l’aîné des garçons est placé ainsi que la plus âgée des filles. Tous essaient de pouvoir travailler leur jardin, ce qui amène un plus dans les repas quotidiens.
Certes la période des disettes est passée, mais les menus restent assez traditionnels : une soupe de légumes débute le repas ; suivant les saisons on mange ensuite le plat principal à base de pommes de terre, de maïs ou de choux, le tout parfois agrémenté d’un peu de lard, de volaille ou de viande de porc, les jours de fête. Un fruit venant du verger clôturera parfois ce repas durant lequel on a bu de l’eau et la « piquette » locale est servie le dimanche. Ces repas sont donc composés d’ingrédients venant tous de la maison ou du terroir sauvage (baies, châtaignes.)
Dans les deux types de famille, les enfants vont à l’école et à peine rentrés à la maison, ils se voient confier diverses tâches : garder les vaches, aider pour la volaille. Tout ceci permet de libérer la mère afin qu’elle s’occupe du repas et des tâches ménagères comme la lessive. Pour cette corvée-là, elle se sert de la cendre, tirée de la cheminée, fait bouillir sont linge et va le rincer et le taper en bavardant au lavoir de la commune qui se trouve, avec sa source, sur le chemin qui amène au bois de « Picheloup ».
Les enfants plus âgés, dès quinze ans, auront la tâche d’aider leurs parents dans des travaux plus pénibles : battre le blé, sortir le fumier de l’étable, retourner un carré de potager.
Même si les bêtes sont à soigner tous les jours, le dimanche est un jour plus calme et nombreux vont en famille à la messe, même si le brassier travaille enfin pour lui. Avant comme après cette cérémonie les gens profitent de ces moments de détente et de convivialité : les enfants jouent entre eux en faisant bien attention à leur tenue, les femmes se retrouvent pour se donner les nouvelles et les hommes quittent rapidement l’église pour aller au café boire un verre, jouer aux cartes, au jacquet ou aux quilles.
Quelques achats se font également ce jour-là bien que cela se fasse en général le jour de marché à Saint-Martory où l’on peut dépenser l’argent recueilli par la vente de quelques légumes, œufs ou volailles. Chacun se met beau le dimanche en revêtant les vêtements spécifiques pour ce jour : la veste et le pantalon de drap noir pour les hommes et la longue jupe avec la blouse blanche pour les femmes ; tous mettent « les chaussures du dimanche » alors que dans la semaine ils sont avec les sabots ou les galoches.
Le lien ci-dessous pour plus de détails notamment un document de la Mairie d'Arnaud Guilhem très bien documenté.
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